Se dégoûter de la cigarette : comprendre le mécanisme de l’addiction
L'addiction à la nicotine est un phénomène complexe impliquant des mécanismes physiques, psychologiques et comportementaux. C’est pourquoi il n’est pas facile de se dégoûter de la cigarette. En effet, sur le plan physiologique, la nicotine est une substance psychoactive qui agit très rapidement sur le cerveau, quelques secondes après l'inhalation de la fumée. Elle se fixe à des récepteurs spécifiques appelés « récepteurs nicotiniques à l'acétylcholine » (nAChRs), situés sur les neurones.
Cette fixation active le « circuit de la récompense » dans le cerveau, ce qui tend à expliquer pourquoi il est difficile de se dégoûter de la cigarette. Mais il existe aussi une dépendance psychologique à la cigarette rendant ardu le fait de se dégouter de la cigarette. La nicotine agit également sur d'autres neurotransmetteurs comme la sérotonine (régulation de l'humeur et de l'anxiété) et la noradrénaline (attention et concentration). Les fumeurs associent souvent la nicotine à une amélioration de leur humeur (détente, réduction du stress) ou à une meilleure performance cognitive (concentration, stimulation intellectuelle).
Ces associations renforcent l'idée que la cigarette est un outil pour gérer les émotions ou les tâches quotidiennes. Cette dépendance psychologique peut durer plusieurs mois, voire plus, même après la disparition des symptômes physiques de sevrage. Enfin, il existe une dépendance comportementale à la cigarette renforçant l’impression que l’on aura du mal à se dégoûter de la cigarette. La cigarette est souvent associée à des rituels et des habitudes ancrées dans le quotidien : fumer après les repas, avec le café, fumer lors de pauses, en compagnie d'amis, fumer en conduisant, en cas de stress ou d'ennui…
Ces gestes deviennent automatiques et sont des « déclencheurs » de l'envie de fumer. La dépendance comportementale est particulièrement difficile à briser, car elle est liée à des situations et des émotions spécifiques, ce pourquoi on ne se dégoûte pas aisément de la cigarette...
Techniques psychologiques pour se dégoûter de la cigarette
Il n'existe pas de « technique miracle » pour se « dégoûter » de la cigarette du jour au lendemain. L'addiction à la nicotine est complexe et implique une dépendance physique, psychologique et comportementale. Cependant, les techniques psychologiques, notamment les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC), sont parmi les méthodes les plus efficaces pour aider à arrêter de fumer en s'attaquant aux racines de cette dépendance. L'objectif des TCC n'est pas tant de « dégoûter » au sens propre, mais plutôt de remodeler la relation que vous avez avec la cigarette en modifiant vos pensées, vos émotions et vos comportements associés au tabac.
Le « dégoût » de la cigarette n'est pas une émotion qui s'obtient par la simple volonté. C'est le résultat d'un travail sur soi qui vise à déconstruire les associations positives que le cerveau a créées avec la nicotine et à reconstruire de nouvelles habitudes saines. Les TCC sont une approche très structurée et efficace pour y parvenir en vous donnant les outils psychologiques pour gérer l'envie et maintenir l'abstinence sur le long terme.
Méthode de visualisation des méfaits du tabac
Visualiser les méfaits du tabac pour se dégoûter de la cigarette est crucial pour sensibiliser le public et encourager l'arrêt. Aussi, il existe plusieurs méthodes, plus ou moins efficaces, allant des plus directes aux plus subtiles. La diffusion d’images et de vidéos choc peut aider à se dégoûter de la cigarette.
C'est la méthode la plus courante et souvent la plus impactante. Des images de poumons malades, de cancers de la gorge ou de la bouche, de dents abîmées, de pieds gangrenés dues à des problèmes vasculaires, etc., sont extrêmement efficaces pour montrer les conséquences physiques dévastatrices. L'utilisation de ces images sur les paquets de cigarettes est un exemple concret de cette méthode. Une autre méthode pour se dégoûter du tabac est la manipulation ou l'observation de modèles physiques peut rendre les informations plus tangibles. Par exemple des poumons fumeur versus poumons sains.
Des reproductions grandeur nature d'organes affectés par le tabac (cœur, artères, gorge) peuvent aider à comprendre l'étendue des dommages internes. Pour se dégoûter de la cigarette, on peut utiliser des infographies ou encore des statistiques visuelles (graphiques de mortalité et de morbidité, coût économique et social du tabac, espérance de vie, etc.)
Produits pour réduire l’envie de fumer
L'envie de fumer est principalement liée à la dépendance à la nicotine, mais aussi aux habitudes et aux aspects psychologiques. Pour réduire cette envie, on peut avoir recours à plusieurs types de produits et de stratégies pour enfin, réussir à se dégoûter de la cigarette :
- Les substituts nicotiniques (patchs transdermiques, les gommes à mâcher, les comprimés à sucer ou sublinguaux, les sprays buccaux, etc.) ;
- Les médicaments sur ordonnance : Varénicline (Champix), Bupropion (Zyban) ;
- La cigarette électronique ;
- Les thérapies non médicamenteuses : les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), le soutien psychologique, les activités physiques et de relaxation.
Modifier ses routines quotidiennes
Arrêter de fumer et se dégoûter du tabac, c'est aussi briser les associations mentales et comportementales que l'on a développées avec la cigarette. Modifier ses routines quotidiennes est une approche puissante pour créer de nouvelles habitudes sans tabac et, à terme, vous dégoûter de la cigarette. Il s’agit tout d’abord d’identifier et briser les « moments cigarettes » car chacun a des moments précis où la cigarette est devenue un réflexe. C'est là qu'il faut agir en priorité.
Il faut ensuite introduire de nouvelles habitudes positives comme remplacer la cigarette par une boisson non sucrée.
Pour se dégoûter de la cigarette, il faut changer votre environnement : jeter les cendriers, les briquets, parfumer son intérieur, éviter les lieux associés au tabac (au début).
Enfin, pour se dégoûter du tabac, il faut renforcer le dégoût par des associations négatives. C'est une méthode plus directe pour associer le tabac à des sensations désagréables.
Modifier ses routines ne signifie pas un bouleversement total du jour au lendemain. Commencez petit, soyez indulgent avec vous-même, et persévérez.
Chaque petite victoire renforce votre détermination et vous éloigne un peu plus du tabac !
Les conséquences positives de l’arrêt
Arrêter de fumer et se dégoûter de la cigarette est l'une des meilleures décisions que vous puissiez prendre pour votre santé et votre bien-être. Les conséquences positives de l'arrêt du tabac sont nombreuses et se manifestent à court, moyen et long terme, améliorant votre qualité de vie de manière significative.
Dès les premières heures suivant votre dernière cigarette, votre corps commence un processus de réparation impressionnant :
20 minutes après : Votre rythme cardiaque et votre tension artérielle redeviennent normaux. La température de vos mains et de vos pieds s'améliore.
8 heures après : Le taux de monoxyde de carbone dans votre sang diminue de moitié. Votre corps est mieux oxygéné.
24 heures après : Le monoxyde de carbone est totalement éliminé de votre corps. Vos poumons commencent à se nettoyer et les mucosités à être évacuées. Le risque d'infarctus du myocarde diminue déjà.
48 heures après : La nicotine est totalement éliminée de votre corps. Votre goût et votre odorat s'améliorent considérablement, rendant les aliments et les parfums plus agréables.
À moyen terme (quelques semaines à quelques mois), les bénéfices continuent de s'accumuler, apportant des changements notables dans votre quotidien :
2 semaines à 3 mois après : Votre circulation sanguine s'améliore, facilitant l'activité physique. La marche devient plus facile et vous êtes moins essoufflé. Votre fonction pulmonaire augmente jusqu'à 30%.
1 à 9 mois après : La toux du fumeur et la congestion des sinus diminuent. Votre corps est plus efficace pour prévenir les infections. Vous avez plus d'énergie au quotidien. La fatigue s'atténue, et votre teint s'éclaircit.
À long terme (plusieurs années), les bienfaits sont les plus importants, réduisant drastiquement les risques de maladies graves et prolongeant votre espérance de vie :
1 an après : Votre risque de maladie coronarienne (crise cardiaque) est réduit de moitié par rapport à un fumeur.
5 ans après : Le risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) redevient presque égal à celui d'un non-fumeur. Le risque de cancer de la bouche, de la gorge, de l'œsophage et de la vessie est diminué de moitié.
10 ans après : Le risque de mourir d'un cancer du poumon est réduit de moitié par rapport à un fumeur. Les risques de cancer du larynx et du pancréas diminuent également.
15 ans après : Votre risque de maladie coronarienne est le même que celui d'une personne n'ayant jamais fumé. Le risque de mortalité est quasiment identique à celui d'un non-fumeur. Chaque jour sans tabac est un pas de plus vers une vie plus saine, plus riche et plus longue.
© Crédits photos :piman-khrutmuang COVER-COVER-Cat-Box